Lancement d’un Plan d’action national sur la sécurité des professionnels des médias en Suisse
En cette journée du 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse, un plan d’action national (PAN) pour la sécurité des professionnels des médias a été élaboré par la branche des médias et l’Office fédéral de la communication (OFCOM). Différentes mesures doivent sensibiliser le public à cette thématique, ainsi que la société et la politique aux défis et à l’importance des médias. Ce PAN fait suite à une résolution du Conseil de l’Europe.
Les médias suisses font toujours plus état d’hostilité, de discours haineux, tant sur le terrain que dans l’espace numérique, ainsi que de plaintes infondées ou abusives qui visent à empêcher la publication de comptes-rendus indésirables (« SLAPPs » ou « poursuites-bâillon »). Cette tendance menace la liberté d’opinion et d’information. Selon le Conseiller fédéral Albert Rösti, même si le cadre juridique offre une certaine protection aux professionnels des médias, il faut « une plus grande conscience de l’importance des médias indépendants ». Le plan d’action comble cette lacune.
Mesures pour la sécurité des professionnels des médias
Le plan d’action se concentre sur l’intégrité physique et psychique des professionnels des médias dans les espaces analogique et numérique. Il répond ainsi à des demandes spécifiques de leur part, notamment une meilleure reconnaissance de leur métier et de leur rôle, ainsi qu’une protection renforcée face aux attaques verbales et physiques.
Le PAN comprend neuf mesures concrètes, réparties dans les trois champs d’action suivants: sensibilisation et prévention, protection et soutien en cas de menaces et de violences, et cadre légal. Les mesures vont de la sensibilisation des jeunes sur la valeur des médias, à une table ronde avec les professionnels des médias et la police, en passant par un site internet de la branche relatif à la procédure en cas de menaces et violences.
Elles sont liées autant que possible à des activités en cours (p. ex. recherche de l’OFCOM dans le domaine des médias, projets et initiatives des associations de médias et des syndicats); elles seront mises en œuvre progressivement, en impliquant les parties prenantes et avec les moyens existants. L’OFCOM revêt un rôle de soutien. Le PAN a un caractère de recommandation et n’est pas contraignant sur le plan juridique.
L’OFCOM et la branche des médias, représentés par le groupe consultatif (voir encadré), tireront un bilan en 2027 et décideront de la suite à donner et des éventuelles modifications.
Le point de vue des syndicats SSM et syndicom
L’OFCOM, les syndicats des médias SSM et syndicom ainsi que d’autres représentants du secteur des médias ont élaboré ensemble ce Plan d’action national (PAN) sur la sécurité des professionnels des médias en Suisse. Parmi ses neuf mesures, trois sont particulièrement importantes pour ces deux syndicats :
Mesure 2: table ronde avec les professionnels des médias et la police
Les premiers succès dans ce domaine sont apparus avec la police municipale de Zurich et la fiche informative sur les relations avec les professionnels des médias.
Mesure 4: dialogue sectoriel sur la question de l’uniformisation des cartes de presse
La carte de presse la plus établie et la plus fiable de Suisse est la carte de presse BR; elle est attribuée conjointement par les trois organisations SSM, syndicom et impressum selon un règlement cohérent et plusieurs critères. L’organisme responsable de la carte de presse BR assure la gestion du registre professionnel associé et s’engage en faveur d’une carte de légitimation renforcée pour le journalisme professionnel.
Mesure 8: analyse des recours judiciaires abusifs en Suisse
Les dénommés SLAPPS – «Strategic Lawsuits Against Public Participation» – sont de plus en plus utilisés pour éviter les couvertures médiatiques indésirables. Cette mesure vise à analyser systématiquement le nombre de SLAPPS déposés en Suisse et leurs conséquences pour les professionnels des médias.
Salvador Atasoy, journaliste et co-président du syndicat des médias SSM, ajoute: «La pandémie du coronavirus a aggravé la problématique relationnelle avec les professionnels des médias. Le PAN est une étape dans la bonne direction. La liberté de la presse est l’un des fondements les plus importants de la liberté d’expression et de la diversité des médias et, en fin de compte, de notre démocratie. Lorsque les professionnels des médias ne sont plus en sécurité, il devient difficile de maintenir ce pilier.»